AN EXPANSIVE GRAY – FIRST ACT
TRANSITION OF AN ENERGY SYSTEM
OR THE AGONY OF TWO MODERN MACHINES
On Sunday nights, the boilers would start up, and the neighborhood housewives knew that Monday would not be a good day to do the laundry, as the air was thick with soot, an expansive gray.
With the arrival of gas first, and later electricity, this problem was resolved.
During the transition from steam to electricity as an energy source in the early 20th century, industrial plants became safer, and the production process became continuous, enabling operations to run day and night uninterrupted since natural light was no longer a decisive factor for industry. In this context, operating at full capacity, two modern machines communicate with each other, generating invisible synergies hundreds of kilometers apart. The boiler at the Fabra i Coats factory in Barcelona and the engine of the former MZA Small Parts and Telegraph Warehouse in Madrid take center stage in this two-act story. Their energy fuels the activities of hundreds of workers. Both ecosystems communicate through the crackle of their gears and, like transoceanic whales, narrate tales of migrations and encounters to a retinue of beings navigating around them.
However, with the advent of the energy and production transition at the end of the 20th century, their agony begins. The boiler at Fabra i Coats shows the first signs of demise during the economic crisis of the early 1980s and the industrial reconversion plans. The engine of the former MZA Small Parts and Telegraph Warehouse, one of the country’s most important railway repair facilities, is shut down due to the restructuring of the railway sector.
SECOND ACT
EXTINCTION OF TWO MODERN MACHINES
The modern machine originates from the artisanal machine and has evolved through adjustments and refinements to achieve the technical conquests on which modern civilized society now relies and revolves. It is worth noting that the earliest efforts in machine manufacturing trace back to slave-owning societies.
In 1875, the German engineer Reuleaux published his kinematic theory, outlining the fundamental principles that formed the core and foundation of the science of machines at the time. He stated:
“A machine consists of an assembly of parts or resistant bodies; it is constructed in such a way that, through it, natural mechanical forces can be made to perform specific tasks.”
In modern terms, a machine is considered the result of a design (a construction) shaped by two sets of factors:
1.Mechanical nature (the components and mechanisms that constitute it).
2.Non-mechanical nature (aesthetics, markets, social impact, prevailing political regimes, etc.).
The interplay of these factors (1 and 2) gives modern machines diverse configurations and characteristics depending on the sociopolitical and economic context in which they are designed, built, and used.
As development progresses at the end of the 20th century, the emergence of new global economic mechanisms replaces the local systems that once sustained national industries. In this context, the boiler at the Fabra i Coats factory in Barcelona and the engine at the former MZA Small Parts and Telegraph Warehouse in Madrid become part of the catalog of extinct machines. Their remnants bear witness to the characteristics, functions, and evolution of a bygone energy system.
Their demise leaves behind enormous skeletons, organs, and mechanical bodies that once served as ecosystems for worker communities.
UN GRIS EXPANSIF PREMIER ACTE
TRANSITION D’UN SYSTÈME ÉNERGÉTIQUE
OU AGONIE DE DEUX MACHINES MODERNES
Les dimanches soir, les chaudières se mettaient en marche, et les ménagères du quartier savaient déjà que le lundi, il serait impossible de faire la lessive, car l’air était saturé de suie, d’un gris expansif.
Avec l’arrivée du gaz d’abord, puis de l’électricité ensuite, ce problème fut résolu.
Pendant la transition de la vapeur à l’électricité comme source d’énergie, dans la première décennie du XXe siècle, les usines gagnèrent en sécurité et le processus de production devint continu. Travailler jour et nuit sans interruption était désormais possible, car la lumière naturelle cessa d’être un facteur décisif pour l’industrie. Dans ce contexte, en pleine capacité de fonctionnement, deux machines modernes communiquent entre elles et génèrent des synergies invisibles à des centaines de kilomètres l’une de l’autre. La chaudière de l’usine Fabra i Coats à Barcelone et le moteur de l’ancien Magasin de petit matériel et de télégraphes MZA à Madrid sont les protagonistes de ce récit en deux actes. Leur énergie alimente l’activité de centaines de travailleurs. Ces deux écosystèmes se parlent par le crépitement de leurs engrenages et, comme des baleines transocéaniques, racontent des histoires de migrations et de rencontres à une multitude d’êtres qui gravitent autour d’eux.
Cependant, avec l’arrivée de la transition énergétique et productive de la fin du XXe siècle, leur agonie commence. La chaudière de Fabra i Coats montre les premiers signes de déclin avec la crise économique du début des années 1980 et les plans de reconversion industrielle. Le moteur de l’ancien Magasin de petit matériel et de télégraphes MZA, l’un des plus importants établissements de réparation ferroviaire du pays, s’éteint en raison de la restructuration du secteur ferroviaire.
DEUXIÈME ACTE
EXTINCTION DE DEUX MACHINES MODERNES
La machine moderne trouve son origine dans la machine artisanale et a évolué à travers des ajustements et des perfectionnements pour aboutir aux conquêtes techniques actuelles, sur lesquelles repose et tourne la société moderne civilisée. Il convient de rappeler que les premiers travaux liés à la fabrication de machines remontent à la société esclavagiste.
En 1875, l’Allemand Reuleaux publia sa théorie cinématique, qui expose les principes fondamentaux constituant la moelle et la base de la science des machines de cette époque. Il déclarait : « La machine est composée d’une réunion d’organes ou de corps résistants, conçue de manière à permettre aux forces mécaniques naturelles d’exécuter des travaux déterminés. » De nos jours, la machine est considérée comme le fruit d’une conception (ou d’une construction) intégrant deux groupes de facteurs :
1.Facteurs de nature mécanique (les pièces et les mécanismes qui la composent).
2.Facteurs de nature non mécanique (esthétique, marchés, impact social, régime politique en vigueur, etc.).
Ces deux ensembles de facteurs, mécanique et non mécanique, confèrent aux machines modernes des configurations et des caractéristiques variées selon le contexte sociopolitique et économique dans lequel elles sont conçues, fabriquées et utilisées. Ainsi, à mesure que se développe le progrès à la fin du XXe siècle, l’arrivée de nouveaux mécanismes économiques mondiaux remplace les systèmes locaux qui soutenaient l’industrie nationale.
Dans ce contexte, la chaudière de l’usine Fabra i Coats à Barcelone et le moteur de l’ancien Magasin de petit matériel et de télégraphes MZA à Madrid appartiennent désormais au groupe des machines éteintes. Leurs traces témoignent des caractéristiques, des fonctions et de l’évolution d’un système énergétique passé. Leur disparition laisse d’immenses squelettes, organes et corps mécaniques, qui furent jadis des écosystèmes pour des communautés de travailleurs.